mercredi 23 septembre 2015

Apataki, blues de blue ou"Raïmiti"

Raïmiti, en polynésien cela signifie : là où le bleu du lagon se confond avec le bleu de l'océan. C'est vrai qu'il est difficile d'avoir le blues au milieu d'un tel paysage même si la couleur dominante - le bleu dans tous ses états - finirait par donner mal à la tête... Mais on va dire que je ne suis jamais contente!
Nous sommes donc au milieu du bleu et au cœur de l'atoll d'Apataki dont nous faisons tranquillement le tour en attendant que le vent finisse son tour du cadran. L'arrivée dans le lagon laissait pourtant présager le pire. Après une navigation tranquille entre l'Anse Amyot (Toau) et la passe d'Apataki, le ciel s'est brusquement chargé de noir et nous avons parcouru les 10 milles qui nous séparaient du motu Totoro avec 25-30 nœuds de vent sur le pif et une pluie quasi incessante. Ce qui n'a pas empêché François-Xavier, qui faisait le guet à l'avant pour repérer d'éventuelles patates, d'attraper un coup de soleil sur le nez... Ah ces bretons, un rien les crame!! Mais heureusement qu'il était là car il y a justement une grosse patate, à ras de l'eau, pile sur la route directe entre la passe et le motu, environ à mi chemin!
À l'arrivée, nous avons bravé les éléments pour descendre à terre et apporter aux habitants du lieu, la glacière pleine de poissons frais attrapés du matin que Gaston et Valentine nous avaient confiée pour eux. L'occasion de rencontrer Tony, fils de Alfred et Pauline, qui ont créé voilà maintenant 7 ans, le chantier " Apataki Carénage", seule alternative à Tahiti et Raiatea pour laisser un bateau à sec en Polynésie.
Le lendemain, sous le soleil, nous visiterons les lieux et admirerons la rigueur de l'installation. L'alternative semble bonne et nous y songerons certainement pour une autre fois. D'autant que Tony ne se contente pas de stocker les bateaux mais peut aussi faire pas mal de travaux. Avec ses parents ils espèrent maintenant que le territoire entendra leurs demandes pour...baliser la patate précédemment citée ( ça paraît la moindre des choses...)...et agrandir l'aéroport pour que les liaisons aériennes soient plus fréquentes et moins aléatoires (ça risque d'être plus difficile!).
Nous avons quitté le Carénage pour aller jeter l'ancre une dizaine de milles plus à l'est, au milieu du bleu, derrière des motus et près d'un hoa (petit passage entre la mer et le lagon) qui permet d'accéder facilement au platier.
Au programme : natation-snorkeling, confections d'albums photos pour FX, cueillette de coquillages sur le récif - en l'occurrence des naoas ou turbos, sorte de bulots géants - que l'on déguste ensuite à l'apéro, essai de création de cockpit avant pour profiter de l'air tout en mangeant à l'ombre...
Un regret, l'eau n'est pas aussi claire qu'on pourrait l'espérer et les fonds pas très vivants. Rien à voir avec l'Anse Amyot, où le snorkeling était un plaisir permanent. Mais en saison, lorsqu'il y a 15 voiliers au mouillage, nageurs et murènes doivent se disputer le territoire! Jamais vu autant de murènes que dans cet endroit!! Il y en a, et des grosses, à chaque coin de patates. Mieux vaut ne pas trop laisser traîner les mains dans les trous.
Le dîner chez Valentine et Gaston aura tenu toutes ses promesses. Nous nous y sommes retrouvés avec l'équipage de Tuvalu qui venait d'arriver. Au menu : fougasse, bouchées de poissons frits, poisson cru à la tahitienne, langoustes grillées au BBQ, poisson grillé au miel...et gâteau coco!! N'en jetez plus!
Le lendemain apéro géant sur Kallima avec Valentine et Gaston, Jean le neveu et Tim, les équipages de Mora Mora et de Tuvalu, et nous trois. L'occasion de goûter le pastis-eau de coco (grâce aux noix vertes apportées de terre) et le rhum-eau de coco. Gérard et moi même avons beaucoup apprécié!
Et le surlendemain dîner d'au revoir avec Mora Mora. Nos routes se séparent après presque 4 mois de navigation ensemble. Une belle tranche de vie en Polynésie!! Il fallait bien des langoustes à la plancha pour fêter ça!!

Bises à tous depuis Apataki. 15°27S 146°13W

mercredi 16 septembre 2015

D'ancre, d'alu et d'acier...

Ceux qui suivent attentivement notre blog n'auront pas manqué d'être interpellés par l'aventure de notre ancre et de sa verge en folie. Je me dois aujourd'hui d'apporter la vérité complète sur cette affaire, vérité découverte incidemment après les échanges que nous avons eus avec Spade et l'envoi des références inscrites sur l'ancre.
En effet nous avons eu la surprise de découvrir que notre ancre était en fait une aluminium de 26 kilos au lieu de l'acier de 35 kilos que nous avions commandée et étions persuadés d'avoir sur le bateau! Or Spade écrit très clairement : "nous déconseillons fortement les ancres alu en mouillage principal, nous les réservons au mouillage secondaire, et cette recommandation est encore plus importante dans le cas d'un catamaran qui a un fardage important. L'alu est un matériau plus fragile que l'acier, donc il peut y avoir risque de torsion de la verge, typiquement votre cas".
Dont acte.... Mais d'où vient donc cette ancre en alu que nous n'avons jamais demandée??!
L'enquête menée en interne chez Catana a permis de comprendre l'enchaînement des faits. À la mise à l'eau du bateau, notre ancre n'avait pas encore été livrée et une autre ancre, la fameuse en alu, a été installée à titre provisoire pour que Kallima tire ses premiers bords et aille faire le beau dans les salons. Sans que nous le sachions. Seulement voilà, le provisoire est devenu définitif et l'ancre que nous avions commandée est restée dans son carton au chantier!
Avant même de connaître le fin mot de l'histoire, Spade nous avait proposé de changer gratuitement la verge de l'ancre en alu et de nous faire 50% sur l'achat d'une ancre en acier, le transport sur la Polynésie étant à notre charge. Très correct donc. Finalement Catana nous envoie notre ancre en urgence.
Tout est bien qui finit bien. La vie en bateau est toujours pleine de rebondissements!!

mardi 15 septembre 2015

Toau ou les Tuamotus comme on en rêve

Cette fois nous avons retrouvé les Tuamotus comme ils étaient restés graves dans nos mémoires!
Après avoir récupéré François-Xavier vendredi (sous le vent et la pluie...), puis fait les quelques courses indispensables à la survie du bord nous avons quitté Fakarava hier dimanche pour mettre le cap vers l'anse Amyot, au nord de l'atoll de Toau. Navigation au près, avec un petit vent de nord-est à nord, en longeant toute la côte sous le vent. Pas le bon choix d'ailleurs car on apprendra qu'un autre bateau qui avait choisi la côte au vent, a eu droit à un superbe spectacle de baleines...! Pas de chance pour nous.
Arrivée donc en fin de journée à l'anse Amyot où nous retrouvons Mora Mora qui était parti deux jours plus tôt. Un vrai petit paradis cet endroit! Il s'agit d'une anse dans le récif, où l'on vient s'amarrer à l'un des corps morts installés par Valentine et Gaston. Une quinzaine de bateaux gros maximum peuvent s'y retrouver, protégés de quasiment tous les vents. En revanche, de là, on ne peut pas accéder au lagon car l'anse est cerné par de grosses patates de corail. C'est bien ce qui en fait tout son charme. En quelques coups de palmes, depuis le bateau, on se retrouve au milieu de coraux superbes et d'une faune abondante et très variée. Outre la myriade de petits poissons tropicaux, nous verrons Napoléons, requins évidemment, très grosses murènes, perroquets et gros mérous pas farouches etc etc. Un vrai plaisir et une chance pour FX qui est gâté pour sa première escale!
À terre, rencontre avec Valentine et Gaston qui vivent là toute l'année et proposent poissons et langoustes dans leur snack aux voileux de passage. Comme ils ont été absents une semaine pour faire la fête en famille, on leur laisse un peu de temps pour aller pêcher avant d'aller goûter leurs spécialités. Balade l'après midi sur le motu et rencontre avec le neveu de Valentine, tout aussi sympa, qui tient une petite pension de famille à coté. Il nous fera cadeau d'un superbe poulpe. Un vrai plaisir je vous dis la vie aux Tuamotus! Nous allons rester ici plusieurs jours...
Bises à tous depuis l'anse Amyot. 15°48S 146°09W

vendredi 11 septembre 2015

Tant va la verge à l'eau qu'à la fin elle se tord...

Halte aux esprits mal tournés! Ce message va parler d'ancre et de rien d'autre, qu'on se le dise...
D'ancre donc et plus précisément de notre ancre Spade puisqu'il faut l'appeler par son nom. Un modèle encensé par les revues nautiques et pourtant...voici comment elle est sortie de l'eau après un mouillage avant-arrière dans du sable et avec 25 noeuds de vent de travers, grand maximum.


L'état de la verge ou de la tige - les deux se disent - se passe de commentaire.


Inquiétant non? Surtout lorsqu'on sait que nous sommes quasiment 100% du temps au mouillage et que l'ancre est donc un élément de sécurité plus que fondamental!
Que penser de cette torsion? Nous attendons toujours une réaction de Spade, mais pour nous l'explication est à rechercher du côté de la longueur de la verge - très disproportionnée par rapport à d'autres ancres de même taille (35 kilos) - qui semble être un élément de fragilité. Elle a en outre tendance à faire poser l'ancre de travers sur le fond ce qui l'empêche parfois de bien s'enfoncer dans le sable. A contrario, le modèle de 25 kilos que nous avions sur le Catana 42, avec une verge beaucoup plus courte, ne nous a jamais posé de problème.
Du coup nous hésitons beaucoup à reprendre une ancre Spade. Notre expérience n'est pas encourageante... Tout comme les mésaventures qu'avaient connues nos amis de Kea avec une ancre de la même marque, également à longue verge.
A suivre donc... et désolée de ce message quelque peu technique mais qui peut être utile à d'autres navigateurs.
Bises à tous depuis Fakarava Nord où nous sommes revenus hier pour attendre l'arrivée de François-Xavier. 

dimanche 6 septembre 2015

A Kauehi les annexes n'en font qu'à leur tête

Encore une fois la météo n'est pas très clémente avec nous. Il ne pleut pas des trombes d'eau ( quoique cette nuit....) mais il ne fait vraiment pas beau depuis notre arrivée à Kauehi, notre plus petit atoll (17 km sur 12 environ) depuis que nous sommes dans les Tuamotus. Ciel gris, vent de Sud-Est 15-20 nœuds qui rend les soirées un peu fraîches...
Navigation sans souci (et sans poisson hélas!) depuis Fakarava si ce n'est que nous avons passé notre temps à freiner le bateau pour arriver à la renverse de courant dans la passe. Avec un vent de sud de 20-25 nœuds ce n'était pas facile...un ris puis deux dans la GV, un mouchoir de poche puis plus rien à l'avant... Et nous sommes tout de même arrivés trop tôt! La passe bouillonnait bien! Mora Mora qui avait privilégié le plaisir de la vitesse aux horaires de marée, a quand même choisi d'entrer dans l'atoll et nous l'avons finalement suivi. Un peu d'adrénaline et hop, c'est passé. Mais ces courants ne sont vraiment pas à prendre à la légère. Nous apprendrons ensuite en discutant avec d'autres voiliers à la BLU, qu'il y avait un avis de forte houle dans le sud des Tuamotus. Combinée à la lune encore grande, cela donne un effet d'ensachage dans les lagons (ils se remplissent d'eau plus que de coutume et le courant sortant est largement dominant par rapport au courant entrant) modifiant totalement la donne des horaires officiels. Nous n'avions pas assez pris en compte ce phénomène. On apprend tous les jours...
Nous avons mouillé à l'abri au nord du village. Petite visite à terre. Deux magasins dont un étonnamment bien approvisionné (on y trouvera même du roquefort...alors qu'il n'y en avait pas à Fakarava!!). Rencontre avec le policier municipal qui nous explique que la chute considérable des cours de la perle noire de ces dernières années a conduit de nombreux habitants à partir vivre à Papeete. Kauehi s'était développé avec la perle et maintenant il n'y a plus que 3 fermes perlières dans le lagon alors qu'avant tout le monde ouvrait sa concession. C'était le cas par exemple du policier municipal qui cumulait auparavant ces deux boulots mais qui a du arrêter la perliculture car les frais dépassaient les recettes.
Hier matin activité "dinghy rescue" autrement dit sauvetage d'annexe. La veille c'était en effet soirée tripot sur Kallima avec Gérard et Marie de Mora Mora. Soudain un cri : mon annexe a disparu!! Et oui Mora Morette avait décidé de vivre sa vie et s'était détachée de Kallima. Serge et Gérard sautent dans Kallimette pour tenter de retrouver la fugitive mais par nuit noire, 20 nœuds de vent et 6 milles à courir derrière nous jusqu'aux motus fermant l'atoll, c'était mission impossible. Le lendemain matin, nous voilà donc partis tous les 4 à bord de Mora Mora et tirant Kallimette jusqu'aux motus au loin. Et à 7 milles, pile poil dans l'axe du mouillage et du vent, nous retrouvons Mora Morette, tranquillement posée sur une plage, sans une égratignure et attendant qu'on vienne la récupérer. Ce ne sera pas si simple de la sortir de là avec les rouleaux sur la plage et les patates de corail, mais l'opération se passe bien. Plus de peur que de mal, mais à quelques dizaines de mètres de là, elle aurait aussi bien pu se faire drosser sur les rochers toute la nuit et crever ses boudins. L'opération rescue aura duré toute la matinée, suivie d'un déjeuner sur Mora Mora et d'un Scrabble... Et la journée, très grise et même pluvieuse, aura finalement passé très vite.
Aujourd'hui cap au sud de Kauehi où nous arrivons après 2 heures de navigation au moteur contre 20 nœuds de vent. Surveillance patates obligatoire. En fait elles sont bien marquées sur la carte et seront exactement aux endroits prévus. C'est rassurant! Le paysage est superbe, avec tous les dégradés de bleu imaginables, surtout que le soleil à enfin décidé de sortir de la grisaille.
Bises à tous depuis le sud de Kauehi. 15°57S 145°04W