vendredi 24 juillet 2015

Quand le nord se devoile

Le temps passe toujours aussi vite et je ne m'étais pas rendue compte que cela faisait si longtemps que je n'avais pas écrit sur ce blog... Désolée pour ceux qui attendent les nouvelles du bord!
Nous sommes donc dans les Marquises du Nord avec je l'avoue, une petite préférence pour l'instant pour le groupe Sud de l'archipel. Mais tout est très subjectif. Il suffit que la météo soit un peu différente, que les mouillages deviennent plus rouleurs, l'eau (encore) moins claire...et hop, tout n'est plus aussi parfait! Hélas pour notre fille Charlotte qui nous a rejoint ici le 11 juillet et qui n'a pas encore vu une seule raie manta!!

Balade jusqu'à la cascade Vaipo avec franchissement d'un premier gué...

Les 5 de Kallima et Mora Mora arrivés à la cascade

En revanche ce qui est une constante, au nord comme au sud, c'est la gentillesse et l'accueil sans pareil des marquisiens. Et dans ces Marquises du Nord, de nouvelles rencontres sont venues s'ajouter à nos souvenirs. Dans la baie de Hakatea, nous avons découvert la vie de Té´iki , de sa femme et leur petit garçon. Ils cultivent un immense terrain et envoient chaque mois plusieurs centaines de kilos de fruits à Tahiti et des tonnes de coprah. Un dur labeur qui paye tout de même puisqu'ils ont réussi à  s'acheter en six mois leur pick up 4x4 que la plupart des gens mettent 7 ans à financer! Outre ses muscles et ses tatouages....nous garderons un souvenir ému du cuissot de chèvre qu'il nous a donné et que nous mangerons comme un gigot sur Kallima. La chair était ferme (ou l'art de manier l'euphémisme....) mais le produit totalement bio avec une traçabilité parfaite: chèvre broutant et gambadant sur les pentes autour du bateau, coup de feu entendu depuis le bateau, transport des 30 à 40 kilos de viande dans le sac à dos de Té´iki le long de la plage, dépeçage à sa maison et stockage bref dans notre frigo avant la mise au four!!
Te'iki et son fils

Les nonos ont encore frappé le capitaine!

Dépeçage de la chèvre à bord!

On se souviendra aussi de la générosité de Martin et sa famille qui nous ont conviés à leur barbecue sur la plage alors que nous étions venus voir la Baie des requins sur l'île de Ua Pou. Une heure de marche en plein cagnard pour voir qu'effectivement une petite quinzaine de requins patrouillaient non stop le long de la plage où l'eau, agitée par les vagues, manquait de la clarté minimum pour oser aller nager... Nous poussons donc un peu plus loin vers une plage où la mer semble nettement plus turquoise. Bain rafraîchissant mais finalement pas si transparent et alors que nous nous appretions à  manger nos petits pique nique sous l'ombre évanescente d'un maigre cocotier...Martin vient nous inviter partager leur repas. Ils sont une quinzaine, bien installés autour d'une table de fortune, sous une bâche, et ont prévu un "modeste" pique nique à la marquisienne.... Au menu : uru (fruit de l'arbre pain) cuit au feu de bois, pâtes, poulet et boeuf grilles au BBQ, langoustes, poisson cru ( le tout fraîchement péchés par Martin), bières à  volonté.... Avec ma petite boîte de rillettes de maquereaux je fais pale figure! Puis ce sera chants accompagnés à la guitare et au ukulele. Et au final, pas question de repartir pied... Martin demande à l'une de ses filles de nous raccompagner en voiture. En route elle s'arrètera chez eux pour que nous puissions cueillir des pamplemousses!

La vallée de Hakatehau et les célèbres pitons pitons de Ua Pou en arrière plan

Le soir dîner au resto chez Ti Pierro, présenté comme la meilleure table des Marquises par nos amis du bateau Suricat. Poppa et ancien militaire (maître d'hôtel sur les bateaux de la marine), Pierrot a convaincu sa femme marquisienne de revenir au pays ( en l'occurrence le village de Hakahetau sur l'île de Ua Pou) alors que leurs enfants et petits enfants sont en France! Et ce passionné de cuisine a décidé d'ouvrir un resto dans lequel il utilise uniquement les produits locaux mais accommodés à sa façon, en mariant saveurs locales et internationales. Chez lui le cuissot de chèvre devient un gigot de 7 heures (idéal pour attendrir la viande!) ou un tajine, la paella se garnit de poissons locaux, quant à son tazar fumé, servi avec une crème fouettée citronnée, c'est une véritable tuerie! Ses clients sont avant tout des Poppas comme nous, souvent des voileux, car pour les marquisiens, manger sans le rituel lait de coco, est une véritable hérésie!! Nous on est pas mécontent de trouver une cuisine bien plus fine que ce que nous avons goûté depuis notre arrivée aux Gambiers...!
Voici quelques exemples des moments pas trop durs que nous passons ici.... Sans oublier le stop qui marche toujours très bien, la découverte de Hakahau (la 3ème plus grande "ville" de l'archipel), son réseau internet gratuit (une première depuis notre arrivée en Polynésie), son snack coopératif avec des menus à 500 francs pacifique ( moins de 5 euros!!) et enfin, l'Aranui, le plus célèbre bateau ravitailleur de la Polynésie, que nous aurons enfin vu à Hakahau à l'aube après deux mois passés aux Marquises!!

Kallima au mouillage à Hakahau

Petites scènes quotidiennes sur la plage de Hakahau


L'Aranui

Dernière minute : Charlotte a vu ses premières raies manta! Pour l'instant uniquement depuis le bateau, pas encore en snorkeling...mais ça ne saurait tarder!
Bises à tous depuis la baie de Anaho, au nord de Nuku Hiva.

lundi 6 juillet 2015

Adieu aux Marquises du sud

Certains s'emeuvent de notre silence sur le blog... Serions-nous en vacances? Et bien pour tout dire, oui!! Nous sommes pris par le rythme sans rythme de la vie au mouillage où il se passe à la fois rien et beaucoup de choses. L'essentiel etant d'etre prets a les saisir.
Ainsi le jour ou nous arrivons au mouillage de Hanamenu, au nord ouest de l'ile de Hiva Oa, Marie et Gerard de Mora Mora reviennent d'une petite balade à terre l'annexe chargée de fruits et de... potirons, specialement pour moi!! Jean/John qui nous avait emmené dans l'est de l'ile quelques jours auparavant, est dans la baie pour le week-end (tout le terrain appartient à sa famille) et il se souvenait que je regrettais de ne pas trouver de potiron... Il est donc alle en cueillir pour nous et Kallima a fait le plein!
Un peu plus tard, c'est le voilier Wigwam et toute la famille Danis (avec leurs quatre enfants agés de 6 à 15 ans, que nous avions rencontre au Bresil il y a quatre ans...!)qui vient jeter l'ancre à cote de nous. Ils ont peche un enorme thazar et le partagent avec le reste du mouillage autrement dit nous et Mora Mora. Et le lendemain soir nous nous retrouverons à dix sur Kallima pour une grosse thasar-party avec ceviche en entree et filets à la plancha...
Dans l'eau on voit quelques raies et mon premier requin marteau. A terre on se balade et on discute avec les quelques habitants de la baie qui nous font decouvrir leur petit coin de paradis. Guides par la petite Te Ana, nous nous enfonçons dans la vallee ou tout pousse de part et d'autre de la riviere. Manguiers, citronniers, papayers, bananiers... on fait le plein de fruits genereusement offerts et le top du top, le bain dans la source d'eau douce, dans un bassin orne de fleurs... Un vrai jardin d'Eden! Malheureusement c'est aussi l'endroit de predilection des nonos (minuscules insectes, quasi invisibles, dont les piqures ne se sentent que 12 heures plus tard, avec des reactions plus ou moins allergiques - comme les chittras des San Blas, tu connais Fabienne!!?) qui s'attaqueront avec delectation à la peau douce et tendre (???) du capitaine...et plus logiquement à celle des enfants de Wigwam! Comme quoi l'enfer n'est jamais loin du paradis!

Au mouillage de Hanaiapa, avec les equipages des deux autres memes voiliers, nous partirons à l'aube pour une randonnee devant nous mener sur un plateau où vivent de nombreux chevaux sauvages. Cette fois c'est Adam, un jeune ramasseur de coprah (noix de coco sechees qui servent a fabriquer de l'huile de coco et qui est la ressource principale de la plupart des habitants des iles de Polynesie)qui nous guide. Et la balade de 3 heures en fera finalement 5, en coupant dans la "brousse" quasiment droit dans la pente. Nos jambes et nos bras, tout griffes, s'en souviennent encore...mais tout le monde marchera sans renacler (ou presque)y compris Suzanne (à peine 6 ans) et Mathilde (9 ans). Les enfants de bateau s'adaptent à tout!!
Snorkeling dans la baie (quelques raies manta, coquillages porcelaine sur les rochers...), lessive en profitant de l'eau douce à volonte sur le petit quai, pamplemousses, whist endiablé a 8 le soir.... Bref, le temps passe toujours vite.
Ce matin depart matinal. Nous mettons cap au nord sur l'ile de Ua Huka et ses milliers de chevaux sauvages. Et alors que nous quittons les iles du sud des Marquises je ne resiste pas à ces quelques vers du grand Jacques (Brel bien sur)qui parlent d'ici bien mieux que je ne pourrai le faire.

..Et par manque de brise,
Le temps s'immobilise
aux Marquises.
Du soir montent des feux
Et des points de silence
Qui vont s'elargissant
Et la lune s'avance.
..Le rire est dans le coeur
Le mot dans le regard
Le coeur est voyageur
L'avenir est au hasard...
..Veux tu que je te dise
Gemir n'est pas de mise
aux Marquises.

Bises à tous 09°21S 139°17W

----------
radio email processed by SailMail
for information see: http://www.sailmail.com