mardi 26 mai 2015

Un paradis peut en cacher un autre...

Notre séjour aux Gambiers tire déjà à sa fin ! Nous resterions
volontiers un mois supplémentaire pour découvrir les mouillages de
l'archipel que nous n'avons pas eu le temps d'aller visiter, pour
approfondir les rencontres à peine esquissées… Mais l'hiver approche
et ici, à plus de 23° sud, c'est une réalité météorologique bien
différente du reste de la Polynésie. Les jours raccourcissent à vue
d'œil, le froid n'est pas encore là mais il parait que le thermomètre
peut descendre jusqu'à 13° … et le vent peut s'installer longtemps au
nord. Nous ne voulons pas risquer d'être bloqués ici pendant plusieurs
semaines. La météo annonce un retour du sud-est (après trois semaines
de vents du nord) et nous allons saisir ce créneau, comme la
quasi-totalité des voiliers qui sont ici d'ailleurs !!
Des voiliers arrivés en masse tout au long du mois. Nous avons compté
jusqu'à 19 voiliers au mouillage à Rikitea !! Tout le monde étant
bloqué là par le mauvais temps !! Pour la petite histoire, cette «
foule » a conduit le « resto-café-internet Jojo » à changer ses
règles en faisant désormais payer l'heure d'internet quelques 500
Francs Pacifique (CFP) soit environ 4€ et en modifiant le code tous
les jours…. Code que seule la patronne connaît et donc quand elle
n'est pas là, c'est la panique chez les voileux !!!
Petit retour en arrière en reprenant le récit de ces deux dernières semaines.
Avant de partir mouiller derrière un motu (ilot sur la barrière de
corail) nous avons loué un 4x4 avec Corinne et Michel de Ganesh pour
faire le tour de l'île (25 km !!). Nous mettrons tout de même une
petite journée, en prenant notre temps, en discutant avec les uns et
les autres le long de la « route », en essayant de récupérer fruits et
légumes… Bref tout est toujours une question de « survie » !!
Le lendemain nous assistons à l'arrivée de l'Administrateur, le bras
droit du Haut-Commissaire (représentant de l'Etat français en
Polynésie). Rikitea s'est faite belle pour l'accueillir et le soir
c'est diner avec danses traditionnelles dans la salle des sports. Du
coup tous les voileux sont là pour admirer le spectacle (à défaut
d'être invités à dîner…) et nous découvrons au passage que l'Etat
(avec des fonds européens…) veut construire une marina à Rikitea !! De
l'avis unanime des voiliers, cela ne semble pas être un équipement
prioritaire… !!
Après dix jours passés au mouillage de Rikitéa, nous partons enfin
vers l'est de l'archipel pour mouiller sous le vent du motu Totegie.
Cette fois les paysages sont très proches de ceux des Tuamotus : motu
de sable avec cocotiers et filaos, platier à l'extérieur sur lequel
viennent briser se les vagues du large, calme et eaux turquoises côté
lagon, même si encore une fois nous sommes mouillés par 15 mètres
d'eau pour être certains d'une bonne tenue pour les ancres. Nous
découvrons ce qui sera pour nous le plus beau snorkeling des Gambiers,
avec la plongée dérivante dans la fausse passe qui sépare deux motus.
L'eau est cristalline, les coraux superbes, beaucoup de poissons dont
de très gros mérous et napoléons,des requins encore et toujours… le
tout par 3-5 mètres d'eau. Superbe ! Nous y reviendrons trois fois, en
sautant de l'annexe assez au large et en se faisant rentrer dans le
lagon par le courant (et en tirant l'annexe).
Mais déjà le temps change, il faut regagner l'abri de Rikitea. Ce
retour à la civilisation ne permet pas vraiment de faire le plein de
vivres frais (malgré l'arrivée d'un deuxième bateau ravitailleur, il
n'y a toujours aucun légume dans le village… preuve qu'il est urgent
de lancer l'activité de culture vivrière dont a parlé l'Administrateur
dans son discours !!) ni même d'aller sur internet (rien ne marche
!!). Mais nous rencontrons Jérémie, le médecin du dispensaire, et son
épouse qui viennent boire un pot à bord. Ils ont été beaucoup plus
efficaces que la Poste pour que nous récupérions notre paquet de
collyres achetés par Jean-Charles à Papeete lors de son transit
aérien…. En revanche la télécommande du guindeau, envoyée par Yannick
de Catana en Chronopost, n'est toujours pas là… !!
Une fois passé le front assez actif et ses pluies associées, nous
partons à la découverte d'un autre petit paradis, sur l'île de
Taravaï, à moins de 5 milles de Rikitea. Deux familles y vivent à
l'année : Hervé (mangarévien) et Valérie (tahitienne) avec leurs deux
garçons (l'aîné est désormais en 5ème au collège à Tahiti après avoir
fait toute sa scolarité par le CNED depuis sa petite île) ; et
Laurence et Pierre, un couple de français arrivés ici en voilier il y
a un peu moins de deux ans et qui ont craqué pour ce bout du monde.
Tous vivent en totale autonomie : panneaux solaires, eau de
récupération, fruits et légumes, cochons, poules, pêche…. Et ils
accueillent les voiliers merveilleusement. Chez Hervé et Valérie nous
ferons le plein de vivres frais (bananes, papayes, patates douces,
pamplemousses, citrons verts et même des avocats, les derniers de la
saison !). Avec un seul bémol pour ce type d'approvisionnement : on a
beau prendre le plus vert possible, tout murit rapidement et en même
temps…et on passe son temps à gérer les réserves pour éviter que tout
pourrisse, pour cuire, imaginer des recettes avec tel ou tel produit
local, faire des confitures, des compotes, des gâteaux etc etc car
évidemment on ne peut pratiquement rien mettre au frigo trop petit !!!
Chez Laurence (dite Lolo) et Pierre ce sera un gros BBQ avec un
cuissot de cochon grillé, du Uru (fruit de l'arbre à pain, prononcer
Ourou, en roulant le r bien sur) cuit au feu de bois et frites de Uru,
du riz au coco, une salade de fruits avec des letchis du jardin (mais
de l'été dernier… !) !! Sans oublier une « balade digestive » qui
s'avèrera quelque peu escarpée et sauvage…surtout à la descente… Alors
que la fin de nos trois heures de crapahutage tout terrain est proche
(et la nuit tombante…) Serge va glisser sur un dernier rocher un peu
raide et faire une belle chute aval avec roulé-boulé dans les hautes
herbes. Résultat : une belle coupure au front, un coccyx bien
douloureux et des coupures un peu partout !! Du coup fini les
baignades pour quelques jours, le temps que tout se cicatrice.
Lolo fait aussi les lessives pour les voiliers, et va même me couper
les cheveux, dehors, dans le jardin, entouré des chevaux, cochons,
poules et autres chats, qui vivent là en liberté. Un salon de coiffure
unique en son genre dont je me souviendrai longtemps !!
Autre mouillage sur la côte sud de Taravaï où Ganesh viendra nous
rejoindre pour un dernier dîner à leur bord. Nos routes vont se
séparer. Ils partent ce lundi à l'aube vers les Tuamotus alors que
nous mettrons le cap sur les Marquises mercredi ou jeudi, le temps
d'essayer de régler notre affaire de télécommande du guindeau qui est
en fait bloquée à la douane à Papeete depuis le 4 mai !
En revenant vers Rikitea, nous faisons halte à Akamaru, le premier
mouillage que nous avions fait alors que Jean-Charles était encore
avec nous. Ca fait du bien de poser l'ancre dans 2m d'eau et de voir
le fond !! Nous allons rendre visite à Rémy dans sa ferme perlière.
C'est le moment des greffes et nous admirons la technique de la
chinoise greffière (greffeuse ???) qui introduit un nucleus dans une
poche spéciale à l'intérieur de la nacre. Elle est là pour 15 jours,
au rythme de 400 nacres greffées par jour !!! Il faudra 18 mois pour
que la perle se forme. Rémy nous dit tout sur cette activité très
prenante et désormais très contrôlée pour éviter un nouvel
effondrement des cours de la perle polynésienne.
Retour à Rikitea. Un peu d'internet depuis le bateau…peut-être
pourrais-je mettre des photos en ligne…
Bises à tous, depuis Rikitea.

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